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« Une saison japonaise » au Centre Pompidou-Metz (Première partie)

Du 8 septembre 2017 au 14 mai 2018, le centre Pompidou de Metz présente Une saison japonaise, et nous allons voir que derrière cette dénomination se cache un foisonnement de manifestations, toutes très diverses.

C’est sous le « chapeau chinois » imaginé et conçu par les architectes Shigeru Ban 坂茂 (1957 – ) et Jean de Gastines (1957 – ) que prennent place les 10 Evenings , des spectacles vivants mêlant théâtre, danse, concerts, etc. Et il y en a pour tous les goûts.

(Flyer du centre Pompidou-Metz)
(Flyer du centre Pompidou-Metz)

Mais arrêtons-nous sur les expositions, notamment celle intitulée Japan-ness – Architecture et urbanisme au Japon depuis 1945 et qui s’est achevée au début du mois de janvier. Entre le 9 septembre 2017 et le 8 janvier 2018, les visiteurs ont pu découvrir un vaste panorama de ce qui s’est fait (et se fait encore) en matière architecturale et urbanistique sur l’archipel depuis 1945. 1945, l’année zéro suite à la défaite japonaise marquée par les pluies de bombes et le désastre atomique.

Affiche de l'exposition "Japan ness" au centre Pompidou de Metz

« Depuis l’Antiquité, le Japon a manifesté cette capacité d’assimilation, de transformation des influences culturelles extérieures – celles de la Chine, de la Corée, de l’Europe, à différentes périodes de l’histoire, jusqu’aux interactions contemporaines avec le monde occidental. C’est cette logique d’acculturation, proprement japonaise, […] cette aptitude au changement et à l’adaptation, à la reconfiguration d’une singularité, que désigne le concept de Japan-ness. »

Arata Isozaki 磯崎新 (1931 – )

Une exposition qui se veut exhaustive et polyvalente

Exhaustive est le maître mot car c’est toute l’architecture d’un pays sur un demi-siècle qui défile sous nos yeux, depuis ces photographies de villes rasées par les tapis de bombes américaines et le discours radiophonique de l’empereur. L’empereur qui se fait homme auprès de ses anciens sujets abasourdis.

Chaque salle s’attarde sur une décennie qui met en lumière différents mouvements : brutalisme, métabolisme, minimalisme, pop art, etc. Et sur des bâtiments emblématiques, conçus par des architectes aujourd’hui de renommée internationale, tels que Kenzô Tange 丹下健三 (1913-2005), Kishô Kurokawa 黒川紀章 (1934-2007) ou encore Tadao Andô 安藤忠雄 (1941 – ). Pour ne citer que les plus connus.

Mais l’exposition est également polyvalente dans la mesure où les commissaires de l’exposition, Frédéric Migayrou et Yûki Yoshikawa, ont fait appel à divers matériaux qui permettent de matérialiser un même bâtiment sous des formes différentes : maquettes originales, plans, photographies, etc. Et de la confrontation de toutes ces matières naît l’étonnement et l’intérêt du spectateur.

Enfin, ce qui retient l’attention, ce sont ces projets futuristes qui n’ont jamais vu le jour, mais qui demeurent imprimés dans la rétine du visiteur. Qui se plaît ainsi à imaginer ce qu’il aurait pu advenir de certains quartiers de Tokyo !

Ville dans les airs : projet pour Shibuya, Tokyo (Arata Isozaki - 1962)
Ville dans les airs : projet pour Shibuya, Tokyo (Arata Isozaki – 1962)
Marine City (ville sur la mer), projet non réalisé (Kiyonori Kikutake - 1958-1963)
Marine City (ville sur la mer), projet non réalisé (Kiyonori Kikutake – 1958-1963)

Une scénographie marquante

La mise en scène de cette exposition, imaginée par Sô Fujimoto, est intéressante.

(Plan de l'exposition, par le centre Pompidou-Metz)
(Plan de l’exposition, par le centre Pompidou-Metz)

Légende

1 – Destruction et renaissance (1945)

2 – Villes et territoire, un projet en devenir (1945-1955)

3 – Emergence d’une architecture japonaise moderne (1955-1965)

4 – Métabolisme, Ôsaka 1970 et la « nouvelle vision » (1965-1975)

5 – L’architecture de la disparition (1975-1995), architecture conceptuelle et light architecture

6 – L’architecture surexposée, images et narrations (de 1995 à nos jours)

7 – Architecture et design, nouvelles identités graphiques

 

 

 

La couleur d’abord. La première salle qui expose la situation en 1945 est entièrement tapissée de noir. C’est l’année zéro, symbole des désastres passées. Puis graduellement, au fur et à mesure du cheminement dans les différentes salles et les époques, les murs s’éclaircissent, passant du gris souris au gris clair, avant de se tourner vers le blanc cassé et d’afficher un blanc éclatant. L’épuré et l’aérien l’emportent alors définitivement.

Par ailleurs, aux premières pièces quelque peu confinées et intimistes, se succèdent des salles toujours plus grandes, offrant aux yeux du visiteur de très belles maquettes entourées de plans. Et dans chacune d’entre elles, une série de photographies portant sur les bâtiments emblématiques de la période défile sous nos yeux.

Un catalogue impressionnant

L’architecture japonaise étant un domaine qui m’intéresse mais que je connais mal, je n’ai pas pu m’empêcher d’acquérir le catalogue, d’autant que l’exhaustivité de l’exposition rentrait dans mon critère d’achat.

Catalogue
Un catalogue complet

Il est cher, comme tous les catalogues vendus en France : 39,90 euros (nous ne sommes pas au Japon, où les prix affichés feraient pâlir les amateurs d’art). Mais il est beau, complet et enrichi de textes bienvenus sur certaines notions.

Bref, rien que pour cette exposition, je n’ai pas regretté mon aller-retour !

Mais ce n’était pas la seule exposition en cours : un futur billet parlera de l’autre grande exposition, consacrée celle-ci à la création artistique contemporaine, Japanorama. Nouveau regard sur la création contemporaine, visible jusqu’au 5 mars.

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